Louis Aragon foi um verdadeiro Poeta, não se contentou com invento de formas e de ritmos, esteve ao lado do povo quando o povo sofria esteve ao lado do povo quando o povo lutava e assim até esgotar o alento da vida e o sopro da poesia, interligados, sangue no sangue do povo!
Maldito seja quem, tendo a palavra nas mãos, esquece que a deve aos que lhe inventaram as palavras com que canta. Doam falsas as canções que não amadurecem no olhar de quem passa e sofre e luta
Maldito o mando e sua sede se perverte o poeta! A Poesia é como bem o dizia Castro Alves, esse Poeta da coragem, A Praça a Praça é o do Povo! e o poetastro que deserta a praça não passa de um ajuntador de palavras, de um orquestrador de sons dignos de um papagaio que tem a cantilena aprendida de cor e escreve mais por técnica que não por alma e fundo sentir!
Marilia Gonçalves
La poésie qui capture la vie à Paris pendant l’occupation clic au-dessusLe poème, « Les Lilas et les Roses » tiré du recueil Le Crève-Cœur, est, d’après Cyril Connelly, un poème de la défaite pure. C’est une élégie consacrée à ceux qui sont morts en combat, et dans la France envahie. Les thèmes principaux de ce poème sont la juxtaposition entre le printemps et la mort, l’invasion par les nazis, et la personnification de la nature. En contrastant le printemps de l’année 1940 à l’image des printemps normaux, Aragon illustre un monde détruit par la guerre
LES LILAS ET LES ROSES
O mois des floraisons mois des métamorphoses
Mai qui fut sans nuage et Juin poignardé
Je n'oublierai jamais les lilas ni les roses
Ni ceux que le printemps dans les plis a gardés
Je n'oublierai jamais l'illusion tragique
Le cortège les cris la foule et le soleil
Les chars chargés d'amour les dons de la Belgique
L'air qui tremble et la route à ce bourdon d'abeilles
Le triomphe imprudent qui prime la querelle
Le sang que préfigure en carmin le baiser
Et ceux qui vont mourir debout dans les tourelles
Entourés de lilas par un peuple grisé
Je n'oublierai jamais les jardins de la France
Semblables aux missels des siècles disparus
Ni le trouble des soirs l'énigme du silence
Les roses tout le long du chemin parcouru
Le démenti des fleurs au vent de la panique
Aux soldats qui passaient sur l'aile de la peur
Aux vélos délirants aux canons ironiques
Au pitoyable accoutrement des faux campeurs
Mais je ne sais pourquoi ce tourbillon d'images
Me ramène toujours au même point d'arrêt
A Sainte-Marthe Un général De noirs ramages
Une villa normande au bord de la forêt
Tout se tait L'ennemi dans l'ombre se repose
On nous a dit ce soir que Paris s'est rendu
Je n'oublierai jamais les lilas ni les roses
Et ni les deux amours que nous avons perdus
Bouquets du premier jour lilas lilas des Flandres
Douceur de l'ombre dont la mort farde les joues
Et vous bouquets de la retraite roses tendres
Couleur de l'incendie au loin roses d'Anjou
(Le Crève-coeur, 1941)
LOUIS ARAGON
ARAGON Louis : UN JOUR UN JOUR |
Posté par Hamoudi le 17/6/2006 0:19:31 (3573 lectures) |
Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime Sa protestation ses chants et ses héros Au dessus de ce corps et contre ses bourreaux A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime
Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu Emplissant tout à coup l'univers de silence Contre les violents tourne la violence Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue
Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange Un jour de palme un jour de feuillages au front Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Ah je désespérais de mes frères sauvages Je voyais je voyais l'avenir à genoux La Bête triomphante et la pierre sur nous Et le feu des soldats porté sur nos rivages
Quoi toujours ce serait par atroce marché Un partage incessant que se font de la terre Entre eux ces assassins que craignent les panthères Et dont tremble un poignard quand leur main l'a touché
Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange Un jour de palme un jour de feuillages au front Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Quoi toujours ce serait la guerre la querelle Des manières de rois et des fronts prosternés Et l'enfant de la femme inutilement né Les blés déchiquetés toujours des sauterelles
Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue Le massacre toujours justifié d'idoles Aux cadavres jeté ce manteau de paroles Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou
Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange Un jour de palme un jour de feuillages au front Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
LOUIS ARAGON
: LA ROSE ET LE RÉSÉDA Posté par Hamoudi le 17/6/2006 0:18:22 (3333 lectures)
Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous deux adoraient la belle Prisonnière des soldats Lequel montait à l'échelle Et lequel guettait en bas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Qu'importe comment s'appelle Cette clarté sur leur pas Que l'un fut de la chapelle Et l'autre s'y dérobât Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous les deux étaient fidèles Des lèvres du coeur des bras Et tous les deux disaient qu'elle Vive et qui vivra verra Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Quand les blés sont sous la grêle Fou qui fait le délicat Fou qui songe à ses querelles Au coeur du commun combat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Du haut de la citadelle La sentinelle tira Par deux fois et l'un chancelle L'autre tombe qui mourra Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Ils sont en prison Lequel A le plus triste grabat Lequel plus que l'autre gèle Lequel préfère les rats Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Un rebelle est un rebelle Deux sanglots font un seul glas Et quand vient l'aube cruelle Passent de vie à trépas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Répétant le nom de celle Qu'aucun des deux ne trompa Et leur sang rouge ruisselle Même couleur même éclat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Il coule il coule il se mêle À la terre qu'il aima Pour qu'à la saison nouvelle Mûrisse un raisin muscat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas L'un court et l'autre a des ailes De Bretagne ou du Jura Et framboise ou mirabelle Le grillon rechantera Dites flûte ou violoncelle Le double amour qui brûla L'alouette et l'hirondelle La rose et le réséda
LOUIS ARAGON
ARAGON Louis : SANTA ESPINA Posté par Hamoudi le 17/6/2006 0:16:09 (1536 lectures)
Je me souviens d'un air qu'on ne pouvait entendre Sans que le coeur battît et le sang fût en feu Sans que le feu reprît comme un coeur sous la cendre Et l'on savait enfin pourquoi le ciel est bleu
Je me souviens d'un air pareil à l'air du large D'un air pareil au cri des oiseaux migrateurs Un air dont le sanglot semble porter en marge La revanche de sel des mers sur leurs dompteurs
Je me souviens d'un air que l'on sifflait dans l'ombre Dans les temps sans soleils ni chevaliers errants Quand l'enfance pleurait et dans les catacombes Rêvait un peuple pur à la mort des tyrans
Il portait dans son nom les épines sacrées Qui font au front d'un dieu ses larmes de couleur Et le chant dans la chair comme une barque ancrée Ravivait sa blessure et rouvrait sa douleur
Personne n'eût osé lui donner des paroles A cet air fredonnant tous les mots interdits Univers ravagé d'anciennes véroles Il était ton espoir et tes quatre jeudis
Je cherche vainement ses phrases déchirantes Mais la terre n'a plus que des pleurs d'opéra Il manque au souvenir de ses eaux murmurantes L'appel de source en source au soir des ténoras
O Sainte Epine ô Sainte Epine recommence On t'écoutait debout jadis t'en souviens-tu Qui saurait aujourd'hui rénover ta romance Rendre la voix aux bois chanteurs qui se sont tus
Je veux croire qu'il est encore des musiques Au coeur mystérieux du pays que voilà Les muets parleront et les paralytiques Marcheront un beau jour au son de la cobla
Et l'on verra tomber du front du Fils de l'Homme La couronne de sang symbole du malheur Et l'Homme chantera tout haut cette fois comme Si la vie était belle et l'aubépine en fleurs
(Deux poèmes d'outre-tombe Le Crève-Coeur, 1941)
LOUIS ARAGON
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